6 septembre 2010

Mon premier marathon

Hier, c’était l’un des plus beaux jours de ma vie, car j’ai réalisé un grand rêve. C’était mon premier marathon.

Le matin de la course, je me suis réveillée très facilement à 5 h 39, une minute avant que sonne mon réveil. Je n’étais pas particulièrement nerveuse. Seulement très excitée et heureuse. J’ai déjeuné comme d’habitude et je me suis préparée en prenant mon temps afin de ne rien oublier.

J’ai dit bye à Oslo, et Stéphane est allé me reconduire au métro Lionel-Groulx. Dans l’auto, je commençais à être plus nerveuse et fébrile, mais je me disais que j’étais bien contente que ce ne soit pas un 5 km. Parce qu’un 5 km, c’est bien plus stressant. Il faut partir super vite dès le début et c’est difficile tout le long. Avec le marathon, je savais qu’au moins les 10-15 premiers km seraient très faciles. Le moment de la souffrance était éloigné dans le temps. Trop éloigné pour que j’aie à y penser toute suite. Je savais que j’allais devoir puiser loin au fond de moi, mais plus tard. Et rendue là, je serais si près de mon rêve que je serais capable de le faire.

Quand nous sommes arrivés au métro, Stéphane m’a serrée dans ses bras et j’ai versé mes premières larmes de la journée. Je m’en allais affronter le monstre toute seule, comme une grande. Je reverrais Stéphane seulement à partir du 27e kilomètre, avec mon bébé Oslo. Et à ce moment je serais vraiment dans le cœur du marathon. Cette perspective était vraiment excitante.

Dans le métro, il y avait plein de coureurs partout. Il y avait les enfants du Petit Marathon avec leurs parents qui se dirigeaient avec beaucoup d’excitation vers le Parc Maisonneuve, et il y avait les marathoniens, beaucoup plus calmes et concentrés (et stressés!) qui se dirigeait comme moi vers le Parc Jean-Drapeau. J’étais déjà très émue à l’idée que, pour la première fois, j’allais participer à la plus longue course, à l’épreuve reine! Je faisais partie des vrais de vrais!

Après avoir classé mon stock et avoir été aux toilettes deux fois, je suis allée porter mon sac au dépôt et j’ai commencé mon ascension vers le Pont Jacques-Cartier. Avant d’arriver en haut, je ne savais pas encore si j’allais choisir le lapin de 4 h 30 ou de 4 h 45, mais une fois sur le pont c’était clair pour moi : lapin de 4 h 45. Il était gentil et il nous donnait plein de conseils. Je l’ai trouvé très rassurant. Bizarrement, il n’y avait presque personne derrière moi sur le pont. À peine une vingtaine de personnes. J’avais donc une vue imprenable sur tous les coureurs devant. Après le compte à rebours, quand le signal de départ a sonné, et que toute cette masse de coureurs s’est mise à avancer, je me suis mise à sangloter. J’avais l’impression d’avoir déjà vécu ce moment avant, mais comme observatrice et non comme participante. Je pense que c’est le fait d’avoir vu mon oncle Gaston courir le marathon quand j’étais petite qui m’a donné cette impression. J’étais pleinement consciente que mon rêve venait de commencer!

Durant les 4 premiers kilomètres, j’avais envie de pipi, et ma grosse préoccupation consistait à me demander s’il valait mieux que je m’arrête aux toilettes ou non. Mais mon envie a passé. Les 15 premiers kilomètres ont été très, très, très faciles. Je suivais le lapin religieusement, et j’avais l’impression que ce serait très facile de continuer à ce rythme très longtemps. Au 16e kilomètre, j’ai commencé à sentir un tout petit peu plus de fatigue, mais vraiment très peu. Ça allait bien. Nous avions un fort vent de face, mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Le rythme était vraiment agréable et je n’avais pas besoin de penser à rien.


Le lapin 4 h 45, et moi un peu à l'arrière, à la gauche de l'image.

Tout allait super bien. Je respirais le bonheur!
Au 21e kilomètre environ, j’ai vu mes parents. Yééé! Mes premiers supporters. J’étais vraiment contente de les voir! J’ai pris un peu d’eau pour remplir une de mes gourdes, mais ça m’a fait prendre du retard sur mon lapin. Je ne voulais surtout pas le perdre alors j’ai sprinté pour le rattraper. Et paf! Gros, gros coup de fatigue après ça. Je n’ai jamais été capable de reprendre mon souffle et je n’ai plus été capable d’avancer. Quelques kilomètres plus tard, je perdais le lapin pour de bon. Coup dur pour le moral.

Au 24e kilomètre, JP (celui qui sera mon coach à partir de très bientôt) était là avec du Gatorade et de l’eau pour moi. Je crois que j’ai pris encore de l’eau. Je me suis pliée en deux et je lui ai dit que je n’en pouvais plus. Que c’était vraiment difficile. J’étais déçue parce que ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé ma course. Je croyais que j’allais être forte au moins jusqu’au 32e kilomètre et qu’après je n’aurais qu’à puiser profondément dans mes réserve. Mais être dans cet état au 24e kilomètre, c’était un désastre. Il me restait 18 kilomètres! Je ne doutais pas que j’allais terminer mon marathon, mais je me sentais si mal que je savais que je n’allais pas pouvoir pousser du tout jusqu’à la fin. Disons que je prévoyais beaucoup de marche.

Environ 2 minutes après avoir laissé JP derrière moi, il m’a rattrapée et m’a dit qu’il m’accompagnerait jusqu’au 38e kilomètre et qu’il porterait mon stock!!! Quel soulagement! Sans mes deux gourdes et ma tonne de Jelly beans de sport, je me sentais beaucoup plus légère. Malheureusement, je n’ai presque pas réussi à accélérer. Ça n’avançait pas. Ma tête voulait vraiment, mais mon corps non. Pas du tout, pas du tout. Mon orgueil ne voulait pas montrer à mon futur coach combien j’étais une poche coureuse, mais c’était comme ça. J’ai couru le plus vite que je pouvais (mais c’était lent, parfois aussi lent que 8 minutes 30 du kilomètre) et j’ai vraiment essayé de marcher le moins possible. J’ai trouvé chaque kilomètre très difficile, mais ça passait relativement vite tout de même.

Au 27e kilomètre, gros moment de bonheur : Stéphane et Oslo étaient là! Mon amoureux que je l’aime donc! Que j’étais contente qu’il assiste à ce moment important de ma vie! Et mon beau Oslo était tout excité comme je l’avais déjà imaginé avant même d’avoir un chien. (J’avais écrit ceci dans un précédent billet alors que je me questionnais sur la possibilité d'avoir un chien : « Je l'imagine déjà [mon amoureux] venir m'encourager le long du parcours du marathon de Montréal, en septembre prochain, avec mon bébé chien à ses côtés qui sautera de joie quand il m'apercevra approcher d'eux. J'espère vivre ce genre de petits moments de bonheur. »)

Ti-bébé Oslo qui attend patiemment de voir arriver maman.

Oslo qui me lèche les jambes.

Au 33e kilomètre environ, j’avais très, très mal au cœur et j’ai vomi tout ce que j’avais dans l’estomac. Après, je me suis sentie mieux. J’ai pris le temps de récupérer en marchant, et j’ai jasé avec JP. Je lui ai dit que je me rendais compte que mes « grosses » semaines d’entraînement de 45 kilomètres, ce n’était pas assez pour un marathon (pas osé avouer que mes autres semaines était parfois de 24 km). JP a dit que j’étais sûrement plutôt une sprinteuse et qu’il faudrait travailler sur le volume et les longues sorties. Ça m’a rassurée de voir qu’il voulait quand même être mon coach, même s’il assistait en direct à une performance aussi horrible. Ça m’a rendue plus sereine et ça m’a aidée à continuer. J’ai accepté que, pour cette fois-ci, l’important était de terminer coûte que coûte le marathon, et que la performance serait pour une autre fois.

Au 35e kilomètre, j’ai encore vu Stéphane et Oslo et ça m’a redonné un peu d’énergie. J'ai dit à Oslo que maman était très fatiguée et qu'elle avait bien hâte d'aller faire une sieste avec lui à ses côtés. Puis j'ai donné un beau bec à mon amoureux avant de repartir encore.

Peu après, je pense que j’ai encore vomi. J’étais pas bien du tout. Au 37e kilomètre, j’ai vu mes parents, puis tout de suite après, Véronique qui courait dans ma direction avec un très grand sourire! Quand je l’ai vue j’ai éclaté en sanglots et je lui ai dit que je trouvais ça vraiment difficile et que je n’en pouvais plus. Elle a dit : « Oui, c’est difficile. C’est pour ça qu’on aime ça! » Moi, j’étais plus dans l’état « j’haïs ça et je veux que ça finisse ». Véronique est vraiment une cheerleader hors pair. Elle incitait les spectateurs à m’encourager et elle y mettait beaucoup d’énergie. C’était super. Tous les spectateurs m’applaudissaient comme si j’étais une star.


Véronique qui m'encourage et moi qui pleure.

Et là, on est arrivés à ma gang d’amis! J’étais très, très émue de tous les voir là! Il y avait Lise, avec ses pompons, Mireille et Olivier, qui me souriaient et m’encourageaient, Caroline, qui a couru quelques pas avec moi, m’a prise par l’épaule et m’a beaucoup encouragée en me disant que j’étais belle à voir aller parce que j’avais un beau sourire et que je courais encore, ainsi que Véronique M., avec son incroyable costume et sa perruque, qui ma fait un « high five » et dont j’ai serré la main pour lui montrer combien j’étais contente de la voir. J’ai aussi vu Sophie, une personne que je connais peu encore, mais avec qui je sens que j’ai beaucoup d’affinités. Elle m’a crié « Geneviève ». Je ne l’ai pas reconnue du premier coup d’œil, mais après j’ai cliqué et je lui ai fait un beau sourire.

Véronique M. avec son beau costume de cheerleader!
Émue de voir tous mes amis et d'être sur le point de devenir marathonnienne, mais aussi épuisée et souffrante.

Et, il y avait Sylvie, qui comme prévu, s’est mise à courir avec moi pour m’accompagner jusqu’à la fin. Je me suis presque excusée d’être si poche et si lente, mais elle m’a coupé le sifflet bien vite et m’a rappelée que j’allais devenir marathonienne très bientôt et que c’était merveilleux.


Avec Sylvie, qui a été un beau rayon de soleil et qui m'a beaucoup aidée à me rendre jusqu'à la fin avec le sourire.

Après avoir revomi encore une dernière fois, j’ai effectivement tout fait pour me concentrer sur le merveilleux de la chose. Une fois la côte Pie IX derrière nous, ça s’est mis à être plus facile un peu. Je n’arrivais toujours pas à avancer vite, mais je crois que j’ai surtout couru et pas trop marché (mais je n’en suis pas sûre).

Quand nous sommes arrivés près du stade, Sylvie m’a dit qu’ils allaient me laisser terminer toute seule pour que je puisse vivre les derniers moments pleinement. Et j’ai pleuré jusqu’à la fin. Quand je suis arrivée dans le stade, l’émotion à grimpé encore d’un cran et j’ai réussi à courir un peu plus vite.


Dernier tour de piste au stade. Extrêmement émouvant pour moi.

J’ai vu mes parents qui avaient un grand sourire et qui m’encourageaient très fort, puis Sylvie et JP, ma tante et ma cousine. Puis j’ai enfin franchi le tapis d’arrivée. J’ai donné un bec vers le ciel à mon oncle Gaston qui était sûrement tout près de moi pendant le marathon pour m’aider à avancer. Puis, ma cousine Claire, qui avait fait le demi-marathon est venue à ma rencontre avec un grand sourire et nous nous sommes jetés dans les bras l’une de l’autre. Je lui ai dit : « Ah! C’était difficile! » en pleurant et je lui ai demandé comme s’était passé son demi et elle m’a dit que ça avait été merveilleux!


Avec ma très chère cousine Claire. Je pleure encore. Je suis heureuse d'avoir terminé.

J’ai ensuite rejoint mes parents, ma tante et l’une de mes cousines. Tout le monde m’a serrée dans ses bras et je me sentais choyée d’être si bien entourée. Puis j’ai vu apparaître ma nièce Ayrane, avec sa médaille au cou, qui voulait aussi me serrer dans ses bras. Je lui ai dit : « Ah! ma belle cocotte! Tu es une championne! Je t’aime ». Et nous avons pris une photo avec nos médailles.


Avec ma nièce Aryane et ma soeur Isabelle.

Ma chère amie Sylvie qui a été d'une aide inestimable durant mon entraînement de marathon et pendant mon marathon.
Avec ma belle maman d'amour


Pendant les photos, j’avais l’impression que j’allais perdre connaissance et j’ai dû me pencher plusieurs fois vers l’avant. Et j’ai commencé très vite à figer. Il était devenu presque impossible de marcher. Je suis allée chercher ma bouffe très lentement, et je devais m’arrêter sans arrêt aux tables pour m’appuyer. J’avais très soif parce que je m’étais beaucoup déshydratée en vomissant dans les dix derniers km. Je trouvais ça étonnant de voir que j’étais la seule à devoir me déplacer ainsi. Les autres coureurs avaient l’air assez en forme.

Mes parents ont eu l’extrême gentillesse de me ramener à la maison. En marchant jusqu’à l’auto, j’ai encore vomi. Je ne me sentais pas bien du tout. Mais je trouvais ça important de continuer à marcher, même si c’était vraiment lentement. Nous sommes finalement arrivés à l’auto et là j’ai pu ENFIN m’asseoir.

Mes parents m’ont toujours énormément encouragée dans tous mes sports. Et même maintenant que j’ai 36 ans, ils sont toujours là pour m’aider et me dire que je suis bonne. Je les adore plus que tout. Je vous aime papa et maman.

Oh! J'allais oublier d'indiquer mon chrono (probablement que j'aimerais l'oublier en fait) : 5 h 11...

Prochain billet : post-mortem un peu plus critique et plan de match pour l'avenir.