26 avril 2012

Journaliste?

Au risque d'effrayer mes parents, j'annonce que je tenterai ma chance comme journaliste au cours des prochains mois (je n'abandonne pas la traduction - n'ayez crainte!). J'avais déjà flirté avec la profession en 2008, mais constatant les piètres conditions de travail qui y étaient associées, je m'en étais rapidement détournée. Mon rêve de devenir journaliste ne s'est toutefois jamais éteint. Je ressens le besoin irrépressible d'interviewer des gens, de faire des recherches, d'analyser des données et d'écrire!

Tantôt, je suis tombée sur ce petit texte teinté d'humour et d'autodérision que j'avais rédigé lors de ma première expérience comme recherchiste. J'ai décidé de le publier pour vous faire rire un peu et lancer officiellement ma nouvelle grande quête professionnelle!


Vente de garage à l'aréna de Beaconsfield

Sept heures trente, un samedi matin, mon réveil sonne et je me lève aussitôt alors que mon chum avait parié que la paresseuse que je suis serait encore couchée à 11 h.  C'est peut-être le signe que ma toute nouvelle passion pour le journalisme ne sera peut-être pas qu'un feu de paille après tout. Qu'est-ce qui a réussi à me tirer du lit de si bon matin par une journée de congé? Croyez-le ou non, je voulais être parmi les premiers arrivés à la vente de garage de Beaconsfield, moi qui n'ai jamais même jeté un coup d'œil aux étals de produits hétéroclites qui meublent nos étés québécois. Vous vous doutez bien que ce n'est pas l'événement comme tel qui m'intéressait, mais plutôt les mordus des ventes de garage que je pourrais y trouver. Et c'est tôt le matin, semble-t-il qu'on peut trouver les plus juteux!

Isabelle Laporte, journaliste pigiste pour La Presse m'a confié le mandat de trouver des gens prêts à témoigner pour un reportage sur les ventes-débarras qui paraîtra dans le cahier À vos affaires de La Presse au cours du mois de mai. Je suis devenue sa recherchiste attitrée, un peu par hasard, sans vraiment trop, trop comprendre dans quoi je m'embarquais.

Ceux qui me connaissent savent que je suis une personne réservée et hyper sensible. Faire un coup de téléphone me donne des sueurs froides et parler à des gens que je ne connais pas m'épuise. Le métier de journaliste, ou même de recherchiste, ne me convient donc pas du tout en apparence. Mais je me mets toujours dans des situations impossibles. Un exemple? Ma peur bleue des piqûres ne m'a pas empêchée de me jeter dans la gueule… d'un acuponcteur, dans l'espoir qu'il puisse mettre fin à mes allergies. Ce fut catastrophique, vous l'imaginez bien. Après deux aiguilles (entre les orteils, c'est sadique quand même, non?) j'avais déjà fait deux grosses chutes de tension, et l'acuponcteur, découragé, m'a dit que ça ne servait à rien d'aller plus loin. J'ai su par après que c'était la première fois qu'il voyait quelqu'un réagir si mal. Pas surprenant! Quels autres phobiques des piqûres seraient assez fous pour aller se faire enfoncer 50 aiguilles dans le corps de leur plein gré? Il n'y a que moi pour me mettre dans des situations pareilles!

Donc voilà que je m'improvise recherchiste malgré ma quasi phobie sociale! Et c'est littéralement en tremblant que je suis entrée dans l'aréna de Beaconsfield dans l'espoir de vaincre ma peur et d'être capable d'aborder quelques personnes. Je savais que je m'en voudrais beaucoup si je sortais de là bredouille. J'ai donc commencé à observer les gens pour pouvoir repérer les acheteurs les plus aguerris. Au moment où je me disais que je n'y arriverais probablement pas, j'ai entendu une dame affirmer avec conviction qu'elle avait l'œil vif pour repérer les bonnes affaires. Elle avait apparemment commencé son matin de magasinage en lion compte tenu des nombreux sacs qu'elle arborait déjà. J'ai commencé à rôder autour d'elle en faisant semblant de feuilleter des livres sur la méditation transcendantale. J'espérais pouvoir l'attraper dès qu'elle finirait de payer pour les deux miroirs agrémentés de rotin sur lesquels elle avait jeté son dévolu. Je me sentais comme une espèce d'espionne absolument pas subtile, et j'étais convaincue qu'elle se demandait déjà pourquoi je la traquais comme ça. Heureusement, j'ai réussi à l'aborder sans trop de problème en lui disant qu'elle avait l'air d'avoir le tour pour repérer les aubaines. Quand je lui ai annoncé que j'étais recherchiste pigiste pour La Presse, je l'ai vue s'illuminer, et c'est avec empressement qu'elle ma remis sa carte d'affaires. Spécialiste en mise en marché de profession, elle est abonnée aux ventes de garage. « Les gens ne sont pas conscients de la valeur de certains objets », m'a-t-elle dit. « Des trucs pour acheter, je suis prête à en donner, mais je serai toujours la première à trouver les meilleurs articles. »

Voilà, la glace était brisée. J'ai ensuite parlé à quelques autres personnes sans trop de difficulté. J'ai même mis la main sur une superbe petite étagère à DVD, de la taille parfaite, pour seulement 10 $!

Ma première expérience comme recherchiste s'est révélée assez réussie finalement. Mais c'est loin d'être sûr que je survivrai aux prochains projets. Chose certaine, je suis beaucoup plus à l'aise comme traductrice, une profession que j'adore et que je ne compte pas abandonner de sitôt. N'empêche que la mouche du journalisme m'a piquée. Seul l'avenir me dira si je pourrai en guérir.

Et j’ajoute aujourd’hui que, non, je n’en suis pas guérie. Je serai journaliste. Rien n’est plus sûr!